Le professeur Mark Shepard propose des perspectives judicieuses sur l’évolution de la société vers ce qu’il appelle l’ère de « post-vérité ». Il met en garde contre le fait que les entités commerciales ciblent les consommateurs de manière à créer des « micro-publics », ayant chacun leur propre version socialement construite de la vérité. L’auteur cite le philosophe Bruno Latour, qui a décrit les faits scientifiques comme étant socialement construits. Shepard cherche à comprendre en quoi l’enjeu consistant à établir une vérité partagée pourrait affecter l’humanité et invite les lecteurs à valoriser le bon sens et à viser la coopération.
La société évolue vers un monde « post-vérité » où des groupes de personnes s’unissent autours de fictions communes.
En 2016, le « mot de l’année » du dictionnaire Oxford était post-truth (post-vérité), défini comme « se rapportant à ou désignant des circonstances dans lesquelles les faits objectifs influencent moins l’opinion publique que les appels à l’émotion et les croyances personnelles ». L’année 2016 a été marquée par plusieurs « moments de post-vérité », comme lorsque le président américain de l’époque, Donald Trump, a qualifié le changement climatique de « canular ».
Les entités à but lucratif exploitent l’apprentissage automatique et une abondance de données comportementales pour créer des « micro-publics », soit des groupes de personnes liées les unes aux autres autour d’une « fiction de base » partagée, par opposition à une « vérité de base ». La segmentation du marché et les ensembles de données qui rassemblent les individus en réseaux peuvent influencer leur perception de la vérité et, par conséquent, les personnes qu’ils considèrent comme faisant partie de leur « groupe...
Mark Shepard, professeur associé d’architecture et d’étude des médias à l’université d’État de Buffalo, est l'auteur du livre Sentient City: Ubiquitous Computing, Architecture, and the Future of Urban Space publié par MIT Press.
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